7 novembre 2020

Nikiskisinan (nous ne les oublierons jamais)

Darcy Venne, directeur, Services techniques est à l'emploi de Suncor depuis 1983. « Je fais partie des meubles », dit-il en souriant derrière son masque; on ne voit pas son sourire, mais on le perçoit aisément.  

Le sourire de Darcy disparaît quand il parle de la Journée nationale des anciens combattants autochtones, le 8 novembre.  

Même si de nombreux membres de sa famille, dont son père, ont servi dans l'armée, Darcy admet qu'il ne connaissait pas cette journée, que l'on souligne depuis 1994. La première fois que Darcy a entendu parler de la Journée nationale des anciens combattants autochtones, c’était en 2015, quand il est devenu membre du Réseau des employés autochtones de Suncor (que l'on appelle maintenant Horizons). 

En parlant de ce que cette journée signifie pour lui en tant qu'Autochtone, il se souvient non seulement de son père, Emile Venne, qui a servi de 1940 à 1946, mais aussi de sa tante Mary Greyeyes qui a été la première femme des Premières Nations à s'enrôler dans les Forces armées canadiennes en 1942.

La soldate Mary Greyeyes, une Crie de la Nation crie de Muskeg Lake, du Service féminin de l’Armée canadienne
Photo : La soldate Mary Greyeyes, une Crie de la Nation crie de Muskeg Lake, du Service féminin de l’Armée canadienne, avec Harry Ball, de la Première Nation Piapot, le 29 septembre 1942
Source : Bibliothèque et Archives Canada/ministère de la Défense nationale

La famille de Darcy est originaire de la Nation crie de Muskeg Lake, une réserve relativement petite sur le territoire visée par le traité no 6 en Saskatchewan associée.  La Première Nation, associée à un fier passé militaire, compte l'un des plus grands nombres d'anciens combattants en Saskatchewan. 

Même si le père de Darcy ne parle pas beaucoup de la Deuxième Guerre mondiale, il sait qu’il a été basé en Italie et en Belgique, ce qui, selon Darcy, lui a « permis de voir ce qui se passait en dehors de la réserve ».   

On estime que 12 000 Autochtones ont servi pendant les deux grandes guerres et pendant la guerre de Corée. Environ 500 d'entre eux ne sont jamais revenus. Ceux qui sont rentrés à la maison ont dû abandonner leur statut d'Indien, ce qui signifie qu'ils ont perdu les avantages et les droits prévus par la Loi sur les Indiens. Quand ils sont rentrés au pays, ils se sont aussi rendu compte que leur terre avait été donnée à d’anciens combattants ou à des fermiers non autochtones. De plus, avant 1960, les anciens combattants autochtones ne pouvaient pas voter. Ils ne pouvaient pas non plus recevoir une aide financière comme les autres soldats, ni profiter des avantages offerts aux anciens combattants ou visiter les locaux de la Légion royale canadienne. 

La voie à suivre

Heureusement, les choses ont changé et on commence à reconnaître l'apport des anciens combattants autochtones dans l'histoire militaire du Canada.  
Avant que Suncor mette sur pied son réseau pour les employés autochtones, Darcy mentionne que plusieurs de ses collègues ne savaient pas qu'il était Autochtone, car personne n'abordait le sujet au travail. Selon lui, le travail de Suncor lié au parcours vers la réconciliation est « révolutionnaire ». 

« Je suis fier du travail accompli par Suncor et de celui qu'elle continue de faire pour la réconciliation, souligne Darcy. Ce travail est si important pour corriger le passé. Il a permis de changer ma vie pour le mieux. »

Cependant, Darcy attribue l'évolution de son parcours personnel entièrement au travail de Suncor dans ce domaine.

« Il y a environ 6 ans, je participais à une séance en compagnie d'autres employés de Suncor quand j'ai pris connaissance d'un des objectifs de l'entreprise lié aux Autochtones. J'ai presque été jeté par terre, se souvient Darcy. Grâce à cette séance, j'ai pu me lever devant des dirigeants et dire : ‘Je m'appelle Darcy Venne, je suis originaire de la Nation crie de Muskeg Lake et ça fait 30 ans que je veux en parler’.  Ce moment m'a beaucoup marqué. »

Aujourd'hui, Darcy célèbre avec fierté son héritage autochtone et considère que parler de sa famille et du passé contribue à la guérison.