Les sables pétrolifères du Canada : créer notre avenir énergétique ensemble
Steve Williams, président et chef de la direction
Suncor Énergie Inc.
Chambre de commerce de Toronto, série Conférenciers du secteur de l’énergie
6 décembre 2012
LE DISCOURS PRONONCÉ FAIT FOI
Merci Carol et bon après-midi à tous. Je suis heureux d’être ici aujourd’hui et ravi de revoir des gens que j’ai eu le plaisir de fréquenter au cours de mes années passées à Toronto.
J’espère que j’aurai plus de succès ici que d’autres récents visiteurs venus de Calgary, les Stampeders… Félicitations à Toronto pour votre victoire à la 100e finale de la Coupe Grey.
L’énergie a joué un rôle important dans notre histoire et dans nos vies comme Canadiens. On peut maintenant se demander qu’elle sera sa place dans notre avenir.
Et c’est ce dont je vais vous entretenir aujourd’hui. En effet, la question de notre avenir énergétique commun mérite que nous l’abordions d’une manière qui unit les Canadiens plutôt que de les diviser.
Je suis également d’avis que nous pouvons bâtir un pont entre notre industrie et les gens qu’elle touche. Nous pouvons travailler ensemble afin d’obtenir la prospérité économique, le mieux-être collectif et un environnement sain, aujourd’hui et demain.
Au cœur de notre vie
L’énergie est omniprésente dans nos vies. Pensons simplement à l’énergie que nous utilisons pour chauffer nos maisons durant les fêtes, pour accompagner nos enfants à leur entraînement de hockey ou pour soutenir nos infrastructures sociales, comme les hôpitaux et les écoles.
Sur le plan financier, l’industrie de l’énergie constitue un des plus puissants moteurs économiques de notre pays. Le secteur de l’énergie crée des emplois et des occasions d’affaires, verse des impôts et des redevances et assure une qualité de vie enviable à tous les Canadiens.
Et pourtant, durant de nombreuses années, l’industrie canadienne de l’énergie n’attirait l’attention de personne ou à peu près. Nous avons bâti de nouvelles installations, créé des emplois pour des dizaines de milliers de Canadiens, lancé de nouvelles technologies pour réduire notre impact, construit des pipelines pour transporter nos produits jusqu’aux marchés de consommation et injecté des milliards de dollars dans l’économie du pays.
Puis, il y a environ quatre ans, le Canada – en particulier notre secteur des sables pétrolifères – est devenu le point de mire. Tout à coup, nous ne travaillions plus en coulisse. Nous étions sous les feux de la rampe.
Passer ainsi de l’arrière-scène à l’avant-scène a fait surgir un certain nombre de défis. Cependant, si on considère la situation dans son ensemble, le changement a aussi créé de nombreuses occasions à saisir.
Situation énergétique enviable
Le Canada possède des ressources énergétiques qui le placent dans une situation enviable. Notre pays est troisième au monde pour l’importance de ses réserves de pétrole, nous avons du gaz naturel en abondance et des ressources hydroélectriques importantes, notre secteur des énergies renouvelables est en pleine croissance et nous pouvons compter sur notre ingéniosité pour mettre en valeur ces ressources.
Nous avons des normes et des règlements environnementaux stricts et des pratiques rigoureuses en matière de droits de la personne, en plus de bénéficier d’un climat géopolitique stable. Nous avons toutes les raisons d’être fiers de notre secteur de l’énergie, qui représente un atout extraordinaire pour notre pays.
La question est de savoir comment en profiter, en particulier dans un contexte d’économie en mouvance, de nouvelle dynamique énergétique et de polarisation croissante du débat énergétique.
Le contexte mondial
L’avenir des sables pétrolifères et de notre pays tout entier se joue dans le contexte des nombreux changements qui se sont opérés dans l’économie mondiale et dans le secteur de l’énergie au cours des dernières années.
Il y a quatre ans, la crise du crédit a plongé le monde dans une récession dont les effets se font encore sentir aujourd’hui. Le Canada s’en est mieux tiré que d’autres pays, essentiellement grâce à son industrie de l’énergie. De fait, c’est le secteur de l’énergie qui alimente actuellement la reprise au pays, mais l’incertitude économique persiste à l’échelle de la planète.
Partout dans le monde, la demande d’énergie continuera de croître, en raison surtout de l’augmentation de la population et de la progression du niveau de vie en Chine, en Inde et dans d’autres pays en développement.
Selon l’Agence internationale de l’énergie, la demande devrait augmenter de plus du tiers d’ici 2035. Et pour y répondre, nous aurons besoin de toutes les sources d’énergie.
Plus près de nous, de nouvelles prévisions indiquent que les États-Unis, notre principal partenaire commercial, répondront à une plus grande part de leurs besoins énergétiques dans les années à venir. La production de gaz et de pétrole de schiste est peut-être à la hausse, mais nous pensons toujours que les sables pétrolifères peuvent jouer un rôle important pour atteindre l’autonomie énergétique en Amérique du Nord.
Et la surveillance accrue dont font l’objet les sables pétrolifères du Canada et notre rendement environnemental s’est traduite par une opposition à la construction de nouveaux pipelines et un débat public plus animé sur notre industrie.
De la situation actuelle, je tire quatre conclusions :
Premièrement – L’industrie de l’énergie tire littéralement l’économie canadienne. Elle est un moteur économique qui assure aux Canadiens une qualité de vie incomparable, des emplois et la stabilité financière. Elle a la capacité de stimuler l’activité économique et d’assurer la prospérité pendant encore des générations. Et, comme en témoigne nos efforts à Suncor, elle peut le faire de manière responsable et rentable pour les actionnaires.
Deuxièmement – Le Canada a l’occasion de parrainer la mise en valeur des ressources naturelles, à l’échelle mondiale. Nous pouvons jouer le rôle de leader mondial. Nous avons l’envergure, les moyens, la technologie, la volonté et l’ingéniosité pour créer de l’énergie pour un monde meilleur. Nous pouvons monter la barre.
Troisièmement – L’avenir énergétique du Canada passe par plus d’un partenaire commercial. C’est une question de bons sens. Même si nous continuons de fournir aux États-Unis un produit convoité, nous devons percer de nouveaux marchés. Et nous devons le faire ensemble.
Quatrièmement – Nous devons bâtir des ponts entre nous et collaborer pour créer notre avenir énergétique. Plutôt que de continuer de polariser le débat, nous devons nous efforcer de trouver des solutions constructives. Nous sommes la partie d’un même tout.
Et maintenant comment allons-nous nous y prendre?
C’est simple. Nous devons bien comprendre les défis qui se dressent devant nous et avoir la ferme intention de travailler ensemble pour les relever.
Les défis
J’ai parlé de certains des défis qui nous attendent. Nous avons travaillé discrètement, dans les coulisses, pendant des décennies, notamment dans le secteur des sables pétrolifères. Nous nous occupions de répondre aux besoins du marché, sans attirer l’attention sur nous.
De bien des manières, nous n’étions pas prêts pour la notoriété. Et maintenant, nous essayons de remplacer la confrontation par la conversation. Nous voulons dépolariser le débat, en retirer le caractère émotif. Nous souhaitons collaborer pour trouver un terrain d’entente. Nous ne sous-estimons pas l’ampleur de la tâche pour conserver notre permis social d’exploitation.
Notre rendement environnemental a aussi beaucoup évolué. Disons que notre approche de la gestion de l’environnement a atteint une certaine maturité, tout comme notre technologie.
Vous serez peut-être étonnés, mais dans une certaine mesure nous pouvons nous comparer à l’industrie du téléphone cellulaire née dans les années 1970 et 1980… Je me souviens de mon premier téléphone cellulaire, c’était comme transporter une véritable brique.
Au début, le téléphone cellulaire nous a permis d’être plus mobiles. La couverture n’était pas très bonne, mais c’était déjà une amélioration par rapport à ce que nous avions.
La technologie a évolué pour offrir les messages texte… quoique je ne sois pas trop sûr que ce soit une amélioration pour faire un bon repas autour de la table familiale…, le courriel et une navigation limitée sur internet.
Pensez maintenant à ce dont nous disposons aujourd’hui. Nous avons de véritables ordinateurs dans nos poches. Nous pouvons nous repérer sur des cartes, communiquer sur les réseaux sociaux, prendre et diffuser des photos instantanément, faire des appels vidéo, échanger des messages texte, envoyer des courriels et parler.
La technologie a révolutionné la façon dont nous communiquons, et elle est omniprésente. En effet, il existe peu d’endroits sur la planète où on ne peut avoir et utiliser un téléphone cellulaire.
Tout comme l’industrie du téléphone cellulaire, nous avons fait un grand bond en avant dans le secteur des sables pétrolifères, en particulier sur le plan de la technologie et de la gestion de l’environnement.
Dans les années 1970 et 1980, notre préoccupation principale était de trouver le moyen d’extraire le pétrole du sable et d’en faire une source d’énergie utilisable. Nous devions aussi concentrer nos efforts sur la création d’une industrie économiquement viable. Comme l’industrie du téléphone cellulaire à ses balbutiements, nous devions comprendre les bases et de lancer notre produit sur le marché. Nous étions un peu maladroits, presque naïfs.
Mais depuis nous avons accompli beaucoup de progrès, ce qui a eu un impact important sur le rendement environnemental de notre industrie. À Suncor, en particulier, nous avons réalisé des améliorations importantes que je vais vous présenter à l’instant :
- En tirant parti de la technologie et en faisant preuve d’innovation, nous sommes parvenus à réduire de moitié les émissions de gaz à effet de serre par baril à nos installations d’extraction depuis 1990.
- Au cours des six dernières années, nous avons diminué de plus de 30 % notre consommation d’eau douce. Elle est en fait à son plus bas de façon absolue depuis 1998, même si la production a triplé.
- Suncor a mis au point et met actuellement en œuvre une technologie novatrice pour gérer les résidus. Nous nous attendons à réduire de 80 % la surface occupée par nos bassins de résidus actuels, à éliminer le besoin d’en aménager de nouveaux et à remettre en état les terrains d’une mine dans le tiers du temps exigé en ce moment.
Si nous avons évolué et que nos connaissances de la remise en état, des écosystèmes, de la biodiversité et des nouvelles technologies ont augmenté, nous reconnaissons tout de même que nous avons encore beaucoup à faire.
Surtout si nous voulons remplir notre mission et être dignes de confiance pour gérer nos ressources naturelles et obtenir la prospérité économique, le mieux-être collectif et un environnement sain, aujourd’hui et demain.
Suncor est disposée à jouer le rôle de leader, mais elle aura besoin de soutien.
Les gens font partie de la solution
Je me demande souvent d’où provient le sentiment que l’industrie, et en particulier les sables pétrolifères, suscite chez le public. Et je pense que vous vous poseriez la même question si vous veniez nous voir à Suncor, si vous visitiez nos bureaux et rencontriez les milliers de Canadiens qui donnent leur pleine mesure au travail chaque jour.
J’ai fait mes débuts à Suncor il y a environ 10 ans et je compte maintenant près de 35 années d’expérience dans l’industrie. Jamais je n’ai travaillé avec des gens aussi brillants et dévoués que ceux de Suncor.
Ingénieurs, géophysiciens, spécialistes des finances et de l’environnement, concepteurs de technologie, biologistes, chercheurs… tous des gens qui se consacrent au travail bien fait, à la création d’énergie de la bonne manière et avec intégrité. Ces gens, nos gens, représentent la fondation de l’industrie de l’énergie au Canada. Et je suis convaincu qu’ils feront partie de la solution.
En fin de compte, cependant, j’estime que personne n’a le monopole des bonnes idées. Notre industrie a besoin d’idées neuves, de nouvelles perspectives et d’un apport de capital intellectuel. Et c’est ce que peut procurer la collaboration à l’intérieur de l’industrie.
L’importance de la collaboration
Nous avons réalisé les premières démarches conduisant à un rapprochement entre les intervenants de l’industrie.
Il y a environ quatre ans, six entreprises ont mis leurs forces en commun pour former le groupe Oil Sands Leadership Initiative, ou OSLI.
Si vous n’avez pas beaucoup entendu parler de cet organisme, c’est que sa raison d’être n’est pas les relations publiques mais plutôt l’amélioration du rendement. Notre objectif était de promouvoir un changement de cap vers la collaboration dans l’industrie.
Et nous avons réussi. L’OSLI a démontré que la collaboration en vue de réaliser une vision commune pouvait se traduire par une progression importante du rendement. L’OSLI a piloté de nombreux projets visant à réduire la consommation d’eau, à améliorer la remise en état des terres, à établir des collectivités durables et à ouvrir la voie pour la technologie et l’innovation.
Plus important encore, l’OSLI a été un des principaux catalyseurs pour la création au début de cette année de la Canada’s Oil Sands Innovation Alliance, ou COSIA. Les sociétés membres de l’alliance comptent pour au-delà de 90 % de toute la production des sables pétrolières. La COSIA a récemment finalisé ses structures juridiques et formé des groupes de travail, et elle élabore actuellement des objectifs environnementaux communs. Les sociétés membres ont déjà versé des centaines de millions de dollars pour aider à améliorer notre rendement environnemental collectif.
Il ne fait aucun doute que l’amélioration du rendement environnemental dans le secteur des sables pétrolifères passe par la collaboration. Je suis maintenant impatient de voir notre secteur puiser dans les sources d’ingéniosité ailleurs dans le monde, c’est-à-dire au-delà de nos frontières traditionnelles comme pays et comme industrie.
Bâtir des ponts vers notre avenir commun
Bien qu’elle soit essentielle, la collaboration entre les membres de l’industrie a ses limites. Pour créer un avenir énergétique dont les Canadiens pourront être fiers, nous devons faire intervenir tous les secteurs de notre économie – ainsi que le public en général – dans le cadre d’un dialogue éclairé.
Nous devons déterminer comment nos immenses ressources – les hydrocarbures et les sources renouvelables – peuvent aider à construire la société à laquelle nous aspirons. En plus de rendre la mise en valeur de nos ressources plus respectueuse de l’environnement et plus rentable, nous devons discuter de la façon dont chaque Canadien peut utiliser l’énergie de façon plus responsable grâce à une meilleure planification urbaine et à des habitations et des véhicules mieux adaptés.
Nous devons discuter avec les gouvernements et les encourager à discuter entre eux pour déterminer de façon réfléchie comment nous allons positionner le Canada en vue de sa prospérité à long terme dans le contexte actuel d’incertitude mondiale.
Nous devons avoir plus de discussions avec nos amis et les membres de nos familles au sujet du secteur de l’énergie et de son impact sur la prospérité à long terme du pays.
Enfin, nous devons cesser de camper sur nos positions; il faut prendre un peu de recul, écouter le point de vue de l’autre et entamer des discussions constructives menant à des solutions concrètes. Nous devons être véritablement en contact les uns avec les autres.
En fin de compte, nous devons bâtir des ponts pour que le Canada – et son économie fondée sur l’énergie – assume un rôle de leader dans la création d’énergie pour un monde meilleur.
L’occasion est trop belle, nous ne pouvons nous permettre de la laisser filer.
Je suis certain que si nous travaillons tous ensemble, nos efforts seront couronnés de succès.
Merci pour votre temps. Je répondrai maintenant avec plaisir à vos questions.