Depuis 100 ans, les Canadiens épinglent des coquelicots à leur boutonnière comme symbole du souvenir et pour honorer les défunts.

Tandis que la fleur rouge sang évoque le souvenir depuis le début du 19e siècle, ce n'est qu'en 1921 que le coquelicot est devenu un accessoire porté par des millions de Canadiens chaque novembre.  

Que ce soit les épingles vendues dans des boîtes dans les épiceries ou les coquelicots artisanaux ou numériques, ils sont reconnus à l'échelle mondiale et sont toujours vendus afin d'amasser des fonds pour les anciens combattants.  

Un souvenir gravé dans la pierre

Derrick Trottier, conseiller principal qui appuie l'installation de Suncor à Fort Hills au sein de l'unité Intégration commerciale, porte un coquelicot en mémoire de son défunt grand-père, Joseph Trottier, qui a servi durant la Seconde Guerre mondiale. Joseph parlait à ses petits-enfants en cri lorsqu'il les amenait dans la forêt au sud de la Saskatchewan pour leur enseigner la chasse et le piégeage, mais il parlait très peu de sa carrière de militaire. 

Photo en noir et blanc du grand-père Derek Trottiers
Le grand-père de Derrick Trottier, Joseph, a servi durant la Seconde Guerre mondiale en tant que soldat autochtone.

« Il y a quelques années, j'ai amené ma famille au sud de la Saskatchewan, où nous avons découvert un monument qui commémorait les Autochtones de cette région qui ont servi durant la Première et la Seconde Guerre mondiale et la guerre de Corée, près du Lac Pelletier où mon grand-père est né, explique Derrick. Et le nom de mon grand-père y figurait. Mon père avait mentionné, il y a plusieurs années, que grand-papa était dans l'armée, mais je n'avais aucune idée de ce qu'il faisait et de l'endroit où il avait servi jusqu'à ce que je découvre ce monument ».

monument avec les noms des soldats autochtones dessus, y compris le nom du grand-père de Derek
Durant un voyage en famille au sud de la Saskatchewan, Derrick a découvert un monument dédié aux vétérans autochtones. À sa grande surprise, le nom de son grand-père y figurait.

Après avoir reçu cette information sur son grand-père, Derrick a fait des recherches sur ses ancêtres, ainsi qu’une demande d'obtention du statut de Métis pour lui et ses enfants.

« Toute cette expérience m'a permis d'avoir différentes conversations avec mes enfants, indique Derrick. Auparavant, ils étaient gênés d'en apprendre plus sur leurs racines autochtones, mais aujourd'hui, nous parlons de ce que tout cela signifie, de l'importance de la Journée du chandail orange et de la raison pour laquelle les écoles de Fort McMurray érigent des tipis, et ces conversations sont toujours liées au monument ». 

Famille Trottier portant des chemises orange
Derrick et sa famille durant la Journée du chandail orange.

Ce ne sont pas seulement les enfants de Derrick qui deviennent plus connectés à leur héritage métis – ce changement se produit chez lui également. Récemment, il s'est joint au conseil d'administration de McMurray Métis pour « redonner, mais aussi pour en apprendre plus sur la culture métisse ».

« J'aimerais revenir en arrière et poser des questions à mon grand-père, admet-il. Mais je sens que ce que je fais aujourd'hui pour me renseigner davantage et enseigner notre histoire à ma famille, c'est entièrement grâce à lui ».

Joseph Trottier faisait partie des hommes et femmes autochtones estimés à 12 000 qui ont combattu durant les deux guerres mondiales et la guerre de Corée. Ceux qui ont eu la chance de rentrer à la maison ont souvent été privés de leurs avantages et leurs droits en raison de la Loi sur les Indiens. Quand ils sont rentrés au pays, ils se sont aussi rendu compte que leur terre avait été donnée à d’anciens combattants ou à des fermiers non autochtones.

De plus, avant 1960, les vétérans autochtones ne pouvaient pas voter, et malgré le fait qu'ils ont fait le sacrifice ultime pour leur pays, ils ne pouvaient recevoir la même aide financière que les autres soldats non autochtones, ni profiter des avantages ou visiter les locaux de la Légion royale canadienne.

Le 8 novembre (Journée des vétérans autochtones) et le 11 novembre (jour du Souvenir au Canada et Journée des anciens combattants aux États-Unis), des cérémonies auront lieu pour honorer ceux qui ont servi et ont fait le sacrifice ultime. Cependant, les cérémonies seront majoritairement virtuelles cette année.