Peu de gens savent que Jenna Larter est dans l'Armée canadienne. Lorsque dit qu'elle consacre parfois ses fins de semaine et ses soirées à son rôle de caporale dans la Première réserve des Forces armées canadiennes, plusieurs sourcillent. Mais, menant une carrière militaire depuis 10 ans et étant l’une des 450 femmes œuvrant dans les métiers de combat, elle a l’habitude de susciter la surprise chez les gens.

« C'est un choc pour plusieurs, dit-elle. Personne ne s'attend à ça d'une femme de cinq pieds et deux pouces et pesant 125 livres. »

Et pourtant, elle peut traverser une rivière en transportant une mitrailleuse C6 au-dessus de sa tête (une arme qui pèse environ 38 livres avant qu'on y ajoute des munitions), descendre d'un G-Wagon fusil en main et elle espère un jour être en première ligne pour la cueillette de renseignements afin de vivre une nouvelle expérience dans le cadre des activités d'influence de division.

« Nous sommes les yeux et les oreilles du commandant d’équipe de combat dans l’espace de combat », explique-t-elle à propos de ses fonctions dans le secteur militaire, des fonctions qu'elle ne pensait jamais occuper. Jenna, qui a grandi à l'Île-du-Prince-Édouard et dont le grand-père est un ancien combattant de la Marine royale canadienne, voulait plutôt faire carrière dans les Forces navales afin d'être sur l'eau. Mais quand ses amis l'ont convaincue de se présenter au bureau de recrutement de l'Armée à Charlottetown, elle a signé tous les papiers et ne l'a jamais regretté.  

« Quand j'ai commencé l'entraînement, j'ai trouvé ça passionnant. Les sensations fortes, c'est ce qui m'attirait le plus. Et aussi, la fierté. Si quelque chose devait m'arriver pendant que je sers mon pays, je me dis que c'est un destin fort honorable. » 

La caporale Jenna Larter se prépare à prendre part à une séance de tir dans un champ de tir.

Elle s'est entièrement engagée envers sa nouvelle vocation et a déménagé vers l'ouest en 2012 où elle a poursuivi son entraînement dans l'Armée dans l'espoir d'être déployée en Afghanistan. Comme elle n'a pas été retenue pour cette mission, elle a décidé de mener sa carrière militaire à temps partiel et de travailler dans le secteur pétrolier et gazier. Son choix s'est arrêté sur Suncor et elle s'est fixé un objectif sur cinq ans au sein de l'entreprise.    

« Chez moi, sur la côte Est, plusieurs n'ont que de bonnes choses à dire sur Suncor, car elle nous permet d'évoluer et d'apprendre. C'est vraiment la meilleure entreprise pour laquelle travailler », souligne-t-elle. Elle a obtenu un poste permanent en 2017. Aujourd'hui, elle est coordonnatrice de l'approvisionnement dans le groupe Gestion de la chaîne d'approvisionnement. Comme les autres militaires actifs qui travaillent pour Suncor, elle apprécie le soutien de l'entreprise pour ses activités militaires. Avant la pandémie, on lui avait accordé un congé pour suivre une formation au Collège militaire royal à Kingston, en Ontario.

Même si ses plans ont été bouleversés par la COVID-19, elle peut tout de même prendre part aux activités hebdomadaires du King’s Own Calgary Regiment (KOCR) et s'exercer au maniement d'armes, faire de l'entraînement physique et suivre de la formation en ligne. Le régiment prépare aussi la cérémonie du jour du Souvenir de cette année. Habituellement, Jenna assiste à la cérémonie à Calgary Signal Hill, mais celle-ci se déroulera en ligne cette année pour assurer la sécurité de tous et rendre hommage aux anciens combattants. 

Cette année, elle s'ennuiera des rencontres en personne avec les anciens combattants âgés pour les remercier de leur service. Un des moments marquants de sa carrière jusqu'à présent a été un voyage de deux semaines pour visiter les champs de bataille en Italie en compagnie de Tommy Baker, un ancien combattant de la Seconde Guerre mondiale membre du Calgary Tanks Regiment (aujourd'hui le KOCR). Jenna a pu découvrir comment son unité avait atteint la rive et suivre son parcours pendant la Seconde Guerre mondiale. On lui a aussi demandé de lire les noms des soldats canadiens tombés au combat inscrits sur un cénotaphe pendant leur visite, un moment très émouvant pour elle.  

« Je vivais beaucoup d'émotions en même temps en constatant ce que ces jeunes gens avaient vécu, précise-t-elle. On ressent évidemment de la colère et de la tristesse devant le nombre de morts, mais on a aussi un sentiment de fierté et d'honneur de les représenter. »