Kahenientha Cross est assise dans une salle de conférence au centre-ville de Calgary, en Alberta, qui se remplit de membres de la direction. Elle se présente au groupe et demande à l'un des aînés dans la salle d'amorcer une purification pour que tout le monde puisse se recentrer sur lui-même avant le début de la réunion.

Pour la future ambulancière du territoire Mohawk au Québec, Kahnawà:ke (gahna’wa:ge), situé de l'autre côté du fleuve Saint-Laurent, à partir de Montréal, il ne s'agit pas d'une situation habituelle. Mais elle est présente avec sa « famille », les membres de l'Indigenous Youth Advisory Council (IYAC) pour leur première réunion en personne en plus de deux ans.  

Pendant que Kahenientha (gah-hen-yunn-tuh) et les sept autres membres de l'IYAC parlent, les membres de la direction se penchent sur ce qui est dit, au sens physique et figuré. 

« Les deux dernières années ont été difficiles pour les membres de l'IYAC, indique Kahenientha. Nous n'avons pas pu nous réunir pour faire une cérémonie; ce voyage nous a donc rapprochés. Notre itinéraire était bien rempli; nous avions beaucoup de travail à faire, et beaucoup de conversations ont eu lieu pendant notre séjour à Calgary. Ce fut également épuisant, car nous avons fait part de nos sentiments et partagé nos histoires avec les leaders de Suncor. »

Une jeune femme sourit à la caméra. Il y a des arbres et des montagnes en arrière-plan.
Kahenientha (gah-hen-yunn-tuh) Cross, de Kahnawà:ke (gahna’wa:ge) au Québec, s'est jointe au Indigenous Youth Advisory Council en 2019. 

Comme Kahenientha, plusieurs des membres de l'IYAC ont voyagé vers le territoire du Traité 7 de tout le pays pour se rencontrer à Calgary. L'une des raisons de leur visite était le désir de tenir une cérémonie du calumet de renouvellement de l'engagement, dirigée par l'aîné pied-noir Casey Eagle Speaker. La cérémonie aide à réunir le groupe en témoignant de son engagement après tant de temps séparé et offre un espace de travail éthique pour les Autochtones et les non-Autochtones. La première cérémonie du calumet a eu lieu en 2019 lorsque les membres du conseil se sont rencontrés pour la première fois. 

Kahenientha, malgré le conflit interne qu'elle vit par rapport à son statut de personne autochtone travaillant pour une entreprise énergétique, s'est jointe à l'IYAC à l'automne 2019 dans le cadre de la deuxième réunion en personne du conseil à St. John’s, à Terre-Neuve.

« Ce fut une décision extrêmement difficile lorsqu'on m'a demandé de me joindre au conseil, admet Kahenientha. Aucune personne autochtone ne veut autochtoniser le pétrole et je doutais des intentions de Suncor. Mais en route vers l'aéroport, mon père m'a rassurée en me disant que je serais en mesure d'utiliser ma voix forte pour parler de la vérité et que j’aurais l'occasion de trouver un terrain d'entente que les autres ne seraient peut-être pas à l'aise de chercher. »

L'idée de créer un Indigenous Youth Advisory Council a commencé à s'organiser en 2014 lorsque Michael Lickers, un spécialiste des Relations avec les collectivités et les Autochtones, développait une stratégie de mobilisation des jeunes. 

« Mon père disait : si tu veux savoir comment une communauté se porte, regarde ses enfants, explique Michael. Si les enfants vont bien, il y a des chances que la communauté ait bien aussi. Dans la culture autochtone, les enfants et les jeunes sont mobilisés et encouragés à utiliser leurs voix. Nous voulons entendre les voix des plus jeunes et voir quelle perspective ils peuvent amener à Suncor. »

Lorsque le conseil a été formé à l'origine, l'idée était de se parler chaque mois au téléphone et de se rencontrer deux fois par année en personne pour discuter des enjeux et des préoccupations, et fournir des conseils aux leaders de Suncor et à la Fondation Suncor Énergie (FSÉ). Cependant, moins d'un an après sa formation, la pandémie a interrompu la capacité du conseil de se réunir en personne.  

En septembre 2022, avec plusieurs des mêmes visages présents à la première cérémonie du calumet au début de 2019, les leaders autochtones et non autochtones, incluant la cogardienne du calumet, Arlene Strom, chef du développement durable et avocate générale de Suncor et présidente du conseil d’administration de la FSÉ et Paul Gardner, chef des ressources humaines, ont fait circuler un calumet fait à la main par l'aîné Casey autour d'un cercle.  Chaque personne a tenu le calumet avec précaution, a aspiré son remède (tabac) et l'a relâché dans l'air, avec ses intentions, renouvelant son engagement de collaborer dans la vérité et la transparence. 

« Je perçois un changement. Lorsque des leaders comme Arlene et Paul parlent de partager nos histoires avec leurs familles et de la façon dont elles les font voyager, comme aux cérémonies de transfert du tipi, je sais qu'il ne s'agit pas que de paroles. Il y a des actions derrière leurs paroles. »