Le 5 mai est la journée de la robe rouge : une journée d’hommage à la mémoire des personnes autochtones assassinées, disparues et exploitées au Canada visant à accroître la sensibilisation et la mobilisation. Les statistiques sont alarmantes. Au Canada, le risque d’être victime d’un meurtre est sept fois plus élevé pour les femmes autochtones que les femmes non autochtones, et le risque d’être victime d’un acte de violence ou d’une agression sexuelle est trois fois plus élevé.
Lana, originaire de la Première Nation de Cowessess en Saskatchewan, et Joy, de la Première Nation Athabasca Chipewyan en Alberta, font partie de l’équipe Relations avec les collectivités et les Autochtones de Suncor à Fort McMurray, en Alberta. Elles sont toutes deux d’avis qu’il faut faire bouger les choses pour mettre fin à la crise des personnes autochtones assassinées, disparues et exploitées.
« Depuis l’époque des pensionnats et jusqu’à aujourd’hui, on nous a enlevé nos noms, nos langues et nos cheveux. Pour nous réapproprier notre pouvoir et notre voix, nous devons continuer à dénoncer ce qui se passe, déclare Joy. Il y a tant d’Autochtones qui ont disparu ou qui ont été assassinés dans notre propre ville. Nous devons continuer à prononcer leurs noms. Ils ont de l’importance pour quelqu’un. Nous pouvons tous contribuer à mettre fin à la violence. »
L’Association des femmes autochtones du Canada (AFAC) est l’une des organisations nationales qui font avancer la situation. Depuis près de 50 ans, l’AFAC joue un rôle de premier plan dans la défense des droits des femmes, des filles, des personnes bispirituelles, des transgenres et des personnes de diverses identités de genre autochtones, y compris une sensibilisation urgente aux femmes, aux filles et aux personnes bispirituelles autochtones disparues et assassinées (FFADA2S+) et à la réconciliation. L’organisation fait pression sur le gouvernement fédéral pour qu’il agisse depuis que la commission d’enquête nationale a publié les 231 appels à la justice en 2019.
À l’occasion de la Journée de la robe rouge, l’AFAC invite les Canadiens à réfléchir aux nombreux aspects de la colonisation qui continuent d’affecter les peuples autochtones. Lynne Groulx, directrice générale de l’AFAC, estime que la reconnaissance du passé est un élément essentiel de la réconciliation.
« Nous invitons chaque personne au pays à jouer un rôle actif dans la réconciliation en s’ouvrant à l’éducation, à la sensibilisation, aux systèmes de connaissances autochtones et aux conséquences du colonialisme et du racisme auxquels sont confrontés de nombreux peuples autochtones, déclare Lynne. Nous avons pris des mesures urgentes et importantes pour accroître la sensibilisation et répondre aux 231 appels à la justice, et nous avons travaillé dur pour mettre en œuvre notre plan d’action FFADA2S+. »
Le plan d’action de l’AFAC comprend 66 mesures concrètes qu’elle entreprendra pour contribuer à mettre fin à la crise des personnes autochtones assassinées, disparues et exploitées. L’année dernière, l’AFAC a fait part de progrès sur plus de 85 % des mesures proposées, dont la plateforme Safe Passage, un outil qui répertorie à l’échelle nationale les cas de FFADA2S+ et fournit des informations sur les ressources et les services offerts dans tout le pays.
Lynne suggère également de lire des livres, d’écouter des baladodiffusions ou de participer à des programmes éducatifs créés par des auteurs et des médias autochtones afin de voir le monde à travers leurs yeux. Elle encourage également les gens à amplifier les messages et les initiatives émanant des voix autochtones afin de s’assurer qu’elles sont entendues.
Le 5 mai, et les autres jours, Lana et Joy rendront hommage à la mémoire des personnes autochtones assassinées, disparues et exploitées, à leur manière, pour guérir et fournir un soutien actif.
« De l’expérience de ma mère, qui a grandi en se faisant traiter de sale Indienne, à celle de ma fille de 15 ans, qui est capable de se tenir fièrement debout et de marcher au rythme de son propre tambour, nous pouvons constater qu’il y a eu beaucoup de progrès pour que les Autochtones se sentent vus et acceptés, dit Lana. Mais nous devons aussi reconnaître la douleur et les traumatismes qui sont encore présents aujourd’hui. Nous ne sommes pas des victimes, nous sommes des survivants. »