Qui êtes-vous? C'est la question qu'Amanda Robért pose lorsqu'elle anime la séance sur l'histoire du Canada avec les peuples autochtones (CHIP). Elle ne veut pas connaître votre titre de poste – elle vous dira de le laisser à la porte — elle veut savoir qui vous êtes en tant que personne.
« Dans les cultures autochtones, nous parlons souvent d'où nous venons, de notre famille, de l'endroit où se situe notre communauté d'origine, si nous sommes une tante, un oncle, un parent, une sœur ou un frère. Un titre de poste ne me dit pas qui tu es », explique Amanda, qui dirige les séances CHIP de Suncor depuis 2022.
Amanda est métisse Ojibwé, dont les ancêtres sont originaires de la colonie de la Rivière-Rouge et de la bande Chippewa de Turtle Mountain du Dakota du Nord. Elle a débuté sa carrière à Suncor comme mécanicienne de machinerie lourde à Fort Hills en 2017 et occupe le poste de conseillère principale dans l'équipe Relations avec les collectivités et les Autochtones depuis 2022.
Suncor offre une formation sur la sensibilisation aux Autochtones aux employés et entrepreneurs sous différents formats depuis 2006. La formation appuie le Parcours vers la réconciliation de Suncor en mettant l'accent sur l'apprentissage de la culture et de l'histoire des Autochtones et de leurs expériences vécues. Au fil des ans, la formation a évolué, puisque différents animateurs présentent leurs histoires personnelles et ont leurs propres discussions. Aucune séance n'est la même, car Amanda met continuellement à jour le contenu et communique des éléments de sa propre histoire; elle a été témoin de profonds changements dans la façon de penser des gens. L'an dernier, plus de 300 personnes ont assisté aux séances CHIP, qu'Amanda considère davantage comme une expérience culturelle immersive qu'une formation.
« Les gens ont des épiphanies dans les séances CHIP, affirme Amanda. C'est plus qu'une formation, ça devient aussi un exercice de renforcement de l'esprit d'équipe. Lorsque les équipes viennent à une séance et que les membres sont vulnérables ensemble, c'est puissant et ils se responsabilisent les uns les autres. »
Amanda invite souvent ses collègues autochtones à coanimer les séances, ce qui rend l'expérience plus intéressante, car ils racontent leurs histoires et expériences avec les participants. Lana Hill, une membre de la Première Nation de Cowessess et une conseillère principale, Relations dans l'équipe Relations avec les collectivités et les Autochtones, collabore fréquemment aux séances CHIP comme co-animatrice.
« Nous pouvons parcourir le livre d'histoire des peuples autochtones, mais partager notre vérité est ce qui rend les choses réelles, mentionne Lana. Nos histoires incitent les gens à agir. Nous ne pouvons pas changer l'histoire, mais nous pouvons tous faire notre part pour améliorer l'avenir, et je sens que c'est le cas avec chaque séance que nous présentons. »
Amanda mentionne que son soutien ne se termine pas lorsque la séance prend fin, offrant aux participants « une garantie à vie » sur son soutien. « Je tiens à conserver ces liens. Si quelqu'un a une question, il peut me la poser. Si une personne veut assister à un événement communautaire comme un pow-wow, mais qu'elle n'est pas entièrement à l'aise dans la façon d'approcher cet événement, il est fort probable que je l'accompagne. »
Le soutien de Suncor envers les séances de sensibilisation, et le fait que les employés y aient accès et aient le temps d'y assister, appuient la réconciliation en général.
« En me donnant l'espace, la plateforme et le public, Suncor démontre son engagement envers la réconciliation, mentionne Amanda. Ces conversations n'avaient pas lieu il y a vingt ans. »
À l'occasion du Mois national de l’histoire autochtone en juin, Amanda affirme qu'il est temps de célébrer tout ce qui a survécu, malgré les atrocités de l'histoire du Canada avec les peuples autochtones comme les pensionnats et la rafle des années soixante. Pendant plusieurs années, on interdisait aux Autochtones de vivre leur culture et de pratiquer leurs croyances spirituelles, même parler leur langue n'était pas permis.
Pour Amanda, raconter la vérité à propos de l'histoire du Canada avec ses collègues est une façon d'honorer ceux qui ont souffert en silence. Elle a pour objectif qu'un jour, nous n'aurons plus besoin de séances comme CHIP.
« Je laisse toujours une partie de moi dans ces séances, et elles peuvent être émotionnellement éprouvantes, explique Amanda. Mais je sais que je fais une différence et c'est gratifiant. Cela me permet de m'épanouir au niveau spirituel, et je sais que je fais honneur à ceux qui n'ont jamais eu la chance de parler. »